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La mers aux temps des dinosaures : les reptiles marins

La mer au temps des dinosaures

Au paléozoïque

Les reptiles sont répartis en trois groupes distincts, les archosaures d’où émergeront d’une part les crocodiliens, et d’autre part, les reptiles volants, les dinosaures et par extension, les oiseaux. Puis nous avons les deux autres grands groupes de reptiles. Deux grands groupe aux origines terrestres et dont certains membres vont par la suite opter pour le monde marin, et tout comme les dinosaures, leur aventure débute au cours du Trias.

Leur aventure débute au Trias disais-je, cependant il faut savoir, que ce « retour à l’eau », n’est pas une première. Une première tentative avait déjà eu lieu au Carbonifère, au Carbonifère supérieur, nous le savons grâce à Spinoequalis (Colonne vertébrale symétrique). Un petit animal apparemment amphibie d’une trentaine de centimètres.

Ce qui nous amène à la deuxième tentative, elle aussi avortée. Une deuxième tentative qui a lieu au cours du Permien.

Edaphosaure du trias Arbre phylogénétique

Quelles obscures raisons ont poussés ces animaux à se tourner vers l’élément liquide ? A vrai dire nous n’en savons pas grand-chose, et il est difficile d’affirmer les causes de cette transition, manque de nourriture, pression prédatrice, qui sait !

Quoi qu’il en soit nous sommes au permien lorsqu’apparaissent les Mésosauridés, les « lézards moyens ». De petits sauropsides de quelques dizaines qui avec leur tête allongée, le corps long et fuselé et les pattes palmées, ne sont pas sans rappeler les crocodiliens actuels.

Découverts en Amérique du sud et dans le sud de l’Afrique, ces petits reptiles marins vont être déterminant pour un certain scientifique aux idées saugrenues qui au début du XXème siècle parlait de « dérive des continents », comme quoi autrefois les continents étaient réunis, que l’Amérique du sud était emboitée dans l’Afrique, un certain Alfred, Alfred Wegener.

A lire...

Et effectivement, ces deux continents étant accolés l’un à l’autre et les fossiles de Mesosaurus, entre autres, confirmeront sa théorie de la dérive des continents, un travail qui plus tard nous amènera à édifier le modèle scientifique de la tectonique des plaques.

Toujours est-il que, selon le registre fossile actuel, les mésosauridés s’éteignent durant cette même période.

C’est donc au Trias, que pour la troisième fois nos amis à écailles vont une fois de plus, tenter de conquérir le milieu marin, et cette fois ci avec succès. Commençons donc avec le clade Ichthyosauromorpha (A la forme d’ichthyosaure).

De ce groupe Ichthyosauromorpha émergent les Hupehsuchiens, ces derniers, bien que plus grands que les mésosauridés, sont des petits gabarits d’environ un mètre de long, ils présentent un squelette sacrément fourni, une véritable armure interne.

Exclusivement originaire de Chine, ces reptiles nous sont connu par une demi-douzaine d’espèce datant du Trias inférieur, et en effet, selon Nathalie Bardet, spécialiste des reptiles marins, cette famille ne pas fait long feu… juste quelques petits Ma.

En 1995 Nathalie Bardet disait que « l’absence de dents laissait supposer la présence de fanons et un type alimentaire filtreur jusqu’alors inconnu au sein des reptiles marins »

On peut lire sur wikipédia un fait assez surprenant : ils disent [… en 2015 une étude publiée dans la revue Nature a démontré que Hupehsushus disposait probablement d'une mâchoire caractérisée par une volumineuse poche extensible, un peu à la manière d'un pélican…] Et un autre article, toujours dans la revue Nature, avance l’hypothèse, que ces animaux auraient développer l’électrolocalisation, un peu comme les Ornithorynques actuels.

Vous en conviendrez c’est assez mystérieux, un fait plutôt étonnant pour un reptile marin, comme quoi la nature nous réserve des surprises !

Les ichthyosaures (Poisson lézard)

Ichthiosaure Ichthiosaure

Alors si les Hupehsuchiens furent éphémères, tout au moins à l’échelle des temps géologiques, ce n’est pas le cas de leur groupe frère, leurs cousins les Ichthyosaures, le clade suivant sur notre graphique.

En effet, ce groupe de reptiles marins iconiques du Trias va traverser la majeure partie du Mésozoïque sur plus ou moins 150Ma, rien que ça. Un véritable succès évolutif pourrait-on dire !

Ainsi dès le début de la période, ils connaissent une explosion démographique surprenante, une explosion démographique qui perdure jusqu'à la fin de la période lorsque l’extinction Trias / Jurassique, la quatrième grande crise biologique de l’histoire freine quelque peu leur ascension.

Néanmoins, ils résistent, et la crise enfin passée, leur essor repart de plus belle tout au long du Jurassique pour finalement s’atténuer durant le Crétacé, jusqu'à leur disparition pure et simple au cours du Crétacé supérieur.

Toujours est-il, qu’au cours de leur longue existence, ils ont eu le temps de disperser largement dans les mers du globe, et notamment en Europe, et en France ou bon nombre de fossiles furent découverts, comme celui de Salignac… Celui de la Mélaie… ou encore celui de Ségonac près de Millau…

Et qui dit longévité, dit diversification ! En effet, on connait à ce jour plus d’une cinquantaine de genres et environ 90 espèces, des plus petits mesurant quelques dizaines de centimètres du Trias inférieur jusqu’aux plus énormes, plus tardifs avoisinant les 20 mètres de long, à l’image de Shastasaurus, ou Shonisaurus.

Avec leur morphologie hydrodynamique, qui n’est pas sans rappeler celle de dauphins actuels, ils sont parfaitement bien adaptés à leur environnement, ces animaux pélagiques et piscivores furent les maitres incontestés des mers Mésozoïque durant des dizaines de Ma, puis… Mystère, au début du Crétacé supérieur, ils disparaissent brutalement !

A ce jour, nous ne sommes toujours pas en mesure d’affirmer la cause de cette disparition pour le moins soudaine, toutefois, nous pourrions (notez le conditionnel), la corréler à la diversification des Mosasaures alors émergeants, ou encore à l’essor des chondrichthyens, la famille des requins actuels, qui elle aussi connait une large diversification au Crétacé.

Les thalattosaures (Lézards de mer)

Sur la branche menant aux sauroptérygiens, les autres icônes des mers Mésozoïque, sur notre arbre, nous rencontrons les Thalattosaures.

Voici un ordre de reptiles marins peu connu du grand public, il faut dire qu’eux non plus n’ont pas connu un franc succès évolutif. Effectivement, contrairement aux Ichthyosaures, l’extinction Trias / Jurassique leur sera fatidique.

Tout du moins, c’est que l’on peut supposer en regardant les divers graphiques, cependant dans le livre de Nathalie Bardet est ses confrères, il est dit que « La disparition des Thalattosaures à la fin du Trias reste pour l’instant inexpliqué ? »

Quoi qu’il en soit, le registre fossile nous montre que ces animaux qui n’étaient pas totalement aquatiques et n’excédant pas les 4 ou 5 mètres de long, durant les quelques 50Ma de leur existence, eurent le temps de prospérer, de se diversifier, et de se répandre dans les eaux chaudes du Trias.

Ainsi, leurs restes fossilisés, (bien trop pauvre) furent retrouvés en Chine, en Amérique du nord et en Europe… Euh non, pas en France, mais plutôt en Espagne et en Italie!

Placodontes (Dents plates)

Nous arrivons à la branche des sauroptérygiens, les emblématiques reptiles marins du Mésozoïque.

Ichthiosaure Adopodentatus

Sur notre Arbre phylogénétique, les premiers sont les Placodontes, mais faisons une rapide aparté sur l’étrange Atopodentatus (denture inhabituelle).

Il s’agit d’un sauroptérygien basal du Trias moyen de Chine probablement semi-aquatique, découvert il y a peu, en 2014, mais les restes étaient très abimés. Puis en 2016 deux autres spécimens bien mieux conservés furent mis au jour, et l’originalité de cet animal comme vous le voyez, est sa mâchoire pour le moins pittoresque. Etait-il herbivore, filtreur ? Un mystère de plus….

Revenons à nos placodontes, comme leur nom l’indique, ce sont des animaux aux dents plates, des dents plates légèrement bulbeuses réparties dans toute la gueule de l’animal, y compris sur le palais, les dents dites palatines. Vous l’aurez compris, une gueule faite pour broyer la nourriture, et de surcroit, une nourriture dure, et c’est pour cela que l’on nomme ces animaux, des animaux « durophages ».

Car effectivement, leur nourriture devait se composer de brachiopodes et autres bivalves qu’ils devaient chasser dans les mers peu profondes des côtes pangéennes.

Ils furent parmi les premiers reptiles marins du Trias, et leur répartition se situe surtout en Europe, là ou autrefois, au trias, devaient se situer les hauts fonds de l’océan Téthys, les hauts fonds bordant les terres de l’actuelle Europe occidentale.

Henodus chelyops Henodus chelyops

Ce sont des animaux de taille moyenne : entre un et trois mètres de long, avec un corps « en tonneau », et vu cette morphologie, on considère généralement qu’ils ne devaient pas être des nageurs très habiles. Ce qui nous amène à penser qu’ils devaient être plutôt semi-aquatiques, côtiers, à l’image des iguanes marins actuels.

Par ailleurs, si au Trias moyen, ils étaient suffisamment imposants pour ne pas être inquiété par les prédateurs du moment, essentiellement des chondrichthyens, lointains cousins des requins modernes, avec l’essor des autres reptiles marins, et particulièrement les ichthyosaures, ils durent s’adapter.

Ainsi, au fil des Ma (Millions d'années), sur certaines espèces, des plaques osseuses ont fait leur apparition sur le dos de ces animaux, des ostéodermes. Des ostéodermes qui in fine ont tant évolués que les placodontes de la fin du Trias en étaient totalement recouvert, formant une épaisse carapace leur donnant une apparence très…. « tortuesque ».

Toujours est-il, que les placodontes à l’instar des Thalattosaures disparaissent du registre fossile à la fin du Trias, on pourrait donc facilement imputer leur disparition soudaine à la crise Trias / Jurassique, mais qui sait… Avançons…

Nothosaures (Lézard hybride)

Nos nouveaux protagonistes sont les nothosaures, les nothosauridés, Une autre famille de reptiles marins caractéristique du Trias.

nothosaure Nothosaure

Les nothosaures sont les premiers grands prédateurs marins des mers pangéennes, avec une taille moyenne variant aux alentours des trois mètres de long, quatre pour les plus grands spécimens. Doté d’un corps long et fuselé bien adapté au milieu marin, ils devaient certainement être très à l’aise dans l’eau, se propulsant avec leurs longues queues et leurs pattes palmées.

Par ailleurs, celles-ci, bien que palmées, présentent une morphologie osseuse encore… « très terrestre » ; ce qui nous amène à penser que les nothosaures n’étaient pas 100% aquatique, mais plutôt amphibies, se nourrissant dans les mers et se dorant la pilule au soleil sur les récifs côtiers. Mais c’est encore débattu !

Comme la majorité des reptiles marins du Mésozoïque, les nothosaures prennent leur essor au début du Trias et connaissent leur apogée au Trias moyen, l’époque où ils connaitront leur plus grande diversité avec une dizaine d’espèces.

Une dizaine d’espèces qui selon le registre fossile se concentraient en grande partie en Europe, au Moyen-Orient et en Chine tout comme les placodontes. Du reste, si nous mettons en parallèle le registre fossile actuel des nothosaures avec celui des placodontes, mis à part un Nothosaurus indéterminé découvert en Californie, force est de constater la similitude des lieux de découverte des fossiles, ce qui dans l’ensemble correspond à ce qui fut autrefois l’océan Téthys.

Autre similitude entre les nothosaures et les placodontes, ils disparaissent « rapidement », et même bien plus tôt selon ce graphique, entre les étages du Ladinien et du Carnien, les deux étages séparant les Trias Moyen du Trias supérieur.

Et si je vous mentionne ce détail, c’est que ce moment de l’histoire est connu comme étant « l’épisode pluvial du Carnien », une extinction mineure mal connue due à un… changement climatique !

Toujours est-il que c’en est terminé pour les nothosaures…

Testudines

La branche suivante est celle menant aux tortues, ou plus exactement au groupe des Testudines, aussi souvent appelé chéloniens. Les chéloniens, font partie du clade Archelosauria, le clade comprenant les crocodiles et dinosaures… et par extension les oiseaux.

En effet, aussi incroyable que ça puisse nous paraitre, si les crocodiliens sont les plus proches parents des oiseaux, les tortues sont aussi de très lointains cousins des oiseaux, elles partagent un ancêtre commun avec les oiseaux et les crocodiles.

Toujours est-il que ce groupe apparait aussi au Trias, ce qui avec plus de 200Ma d’existence, en fait à l’échelle des temps géologiques, le plus ancien groupe de reptiles vivant encore aujourd’hui !

Et bien qu’un consensus est plus ou moins établie dans la communauté scientifique, l’histoire des tortues est encore débattue aujourd’hui. En effet ces reptiles demeurent un véritable imbroglio pour les scientifiques.

A plusieurs reprises, aux cours des nombreux épisodes de la chaîne Youtube, j’ai mentionné la différence entre les crânes synapsides, ceux des mammifères, possédant une seule fosse temporale, et les crânes diapsides, ceux des reptiles, (tout du moins actuels) possédant deux fosses temporales.

Or il se trouve que ces charmantes tortues n’en possèdent aucune, elles possèdent un crâne anapside, d’où l’imbroglio. S’agit-il d’une lignée si vieille que les fenêtres temporales n’étaient pas encore apparues ou ont-elles perdues leurs deux fenêtres temporales ?

Bref, à ce jour grâce à la génétique, on peut affirmer que les tortues ont leur origine parmi des reptiles au crâne diapside, et qui au fil de l’évolution ont perdues leurs deux fosses temporales, et sont devenues ainsi anapsides.

Par ailleurs, la caractéristique principale de ces reptiles, qu’ils soient marins ou terrestre est bien sûr, leur carapace, « une anatomie unique au sein des vertébrés » comme l’a écrit un des auteurs du livre. Mais figurez-vous qu’il n’en n’a pas toujours été ainsi !

Le plus vieux spécimen connu se nomme Odontochelys, il s’agit d’un fossile âgé de 220Ma qui nous provient de Chine. Chose étonnante, outre le fait qu’elles possédaient des dents, je rappelle que les tortues actuelles possèdent un bec, Odontochelys ne possède pas de carapace dorsale, mais juste un plastron, une carapace ventrale.

Il faudra attendre qu’apparaisse Proganochelys, un spécimen d’Allemagne daté de 215Ma pour voir la première tortue à la carapace complète.

Le registre fossile du Trias n’est pas extraordinaire, c’est vers la fin du Jurassique et surtout au Crétacé que leur population prendra de l’ampleur, c’est cette période qui voit le plus grand spécimen de la lignée, le colossal Archelon (Tortue puissante), de plus de 4 mètre de long.

Puis au Cénozoïque leur population connaitra un nouvel essor, ce qui coïncide avec la disparition des grands reptiles marins du Mésozoïque.

Au mésozoïque

La mer au temps des dinosaures

Désormais, les mers du globe pullulent, entre autre, de reptiles marins, en tous genres.

Notre histoire commence donc alors qu’une funeste crise est en cours, la troisième des cinq grandes extinctions, celle qui marque la transition Trias / Jurassique.

Nous voici donc aux prémices d’une nouvelle période, le Jurassique, la seconde période de l’ère Mésozoïque. Si nous faisons un petit état des lieux, nous constatons que la majeure partie de la faune de reptiles marins du Trias à disparue, seul demeure le grand groupe des ichthyosaures.

Ces derniers, bien qu’ayant traversé la crise, ont tout de même connus de nombreuses pertes au sein de leur groupe, et plusieurs genres et espèces s’éteignent, notamment les espèces côtières. Par ailleurs, tous ces groupes de reptiles marins qui ont disparus ont laissé bon nombres de niches écologiques vacantes, et une large diversification des espèces survivantes prend son essor.

Ainsi, les ichthyosaures connaissent un nouvel élan, un élan qui durera des dizaines de Ma et les amènera jusqu’au crétacé, où ils connaitront un long déclin qui les mèneront tout droit vers leur mystérieuse extinction.

Du côté des lépidosauromorphes, nous avons vu que les rhyncocéphales apparus au Trias étaient exclusivement terrestre, mais au Jurassique les voilà diversifiés, et parmi tous ces nouveaux venus, un genre est devenu aquatique, le genre pleurosaurus.

Pleurosaurus, comme une grande partie des rhynchocéphales, est un sphénodonte, un très lointain cousin du Tuatara actuel, c’est un des rare sphénodontes aquatiques connus.

Les fossiles de ce reptile sont extrêmement rares, et les seuls spécimens connus nous proviennent de France, des sites de Cérin et de Canjuers, et d’Allemagne du célèbre site bavarois des calcaires de Solnhofen qui nous a fourni un magnifique fossile.

Avec une taille d’environ 1 mètre 50, et son corps tout en longueur, on est loin des « monstres marins » du Jurassique. Et en parlant de « monstres marins », venons-en aux plésiosaures….

Plésiosaures (Proche du lézard)

Plésiosaures

Parallèlement, au sein de la branche des sauroptérygiens, un nouveau clade prend son essor, les plésiosaures. Proches cousins des nothosaures que nous avons vu précédemment. Les plésiosaures ont timidement fait leur entrée durant du Trias supérieur, mais au cours du Jurassique leur ascension est phénoménale.

Sans doute il y aurait-il une relation de cause à effet avec la dislocation de la Pangée, car celle-ci entraine l’ouverture du futur océan Atlantique nord, agrandissant d’autant plus les hauts fonds de l’océan Téthys, un environnement propice à la diversification des nouveaux venus. Ainsi la timide population du Trias s’enrichit largement au Jurassique et atteindra son apogée au crétacé supérieur avant de disparaitre.

Avant toute chose, sachez que les plésiosaures, et plus exactement le clade plesiosauria se divise en deux groupes, les plésiosauroïdes (plesiosauroidea) a longs cous et les Pliosauroïdes (pliosauroidea) au cou relativement court.

"Ces noms étant assez barbares, pour plus de simplicité, je parlerai ici de plésiosaures pour ceux a longs cous et de pliosaures pour ceux aux cous plus courts !"

Les plésiosaures apparaissent dans le registre fossile au Trias supérieur, avec un long cou, une petite tête et une queue assez courte, les plésiosaures sont loin d’avoir une morphologie aussi hydrodynamique que les ichthyosaures, cependant, une des grandes caractéristiques de ces reptiles marins est la morphologie de leurs membres.

C’en est terminé des pattes palmées comme celles de leur cousins nothosaures. Les structures osseuses de leurs membres ont évolué, muté, et leurs membres sont devenues des sortes de nageoires rigides que l’on nomme, palettes natatoires.

De formidables « outils » pour ces animaux pélagiques évoluant en haute mer, néanmoins comme aucun animal marin actuel ne possèdent ces mêmes attributs, il est difficile de savoir précisément comment ces animaux se propulser à l’aide de ces palettes natatoires.

Les quatre simultanément, deux par deux, de haut en bas, de l’avant vers l’arrière ??? Bien ces chercheurs planchent encore sur le sujet.

Mais, une chose dont on peut être sûr, c’est de leur efficacité, car si la sélection naturelle a favorisé cette morphologie, et ce, durant leurs 150Ma d’existence, ce n’est pas anodin.

Mais comme le dit le livre qui me sert de référence, [… un consensus semble néanmoins émerger aujourd’hui : les plésiosaures devaient effectuer un « double vol subaquatique » où les quatre membres étaient battus alternativement de manière déphasée et dont la phase propulsive aurait été la phase d’abaissement …].

D’une façon ou d’une autre, ils devaient certainement être capable de nager vite, ou du moins capable d’accélération fulgurante, vu qu’ils avaient un régime alimentaire piscivore, et les poissons, ça nage plutôt vite.

Et l’on peut facilement imaginer, que c’est à ce moment que leur long cou devait avoir son importance, pour la chasse, pour harponner les poissons. Car en effet, à la vue de leur denture, il apparait évident qu’elle est plus adaptée pour chasser des poissons, qu’ils devaient avaler tout rond, que mordre dans des grosses proies.

Quant à leurs tailles, elles varient selon les espèces et bien entendu leur âge, mais de manière générale, les plésiosaures étaient des animaux variant entre les deux mètres pour les plus petits et douze mètres pour les grands Élasmosaures du Crétacé. De belle bêtes donc !

Et en parlant d’élasmosaures, on peut citer Occitanosaurus tournemirensis, un jeune élasmosaure daté de 180Ma, découvert à Tournemire en 1987. Un animal de quatre mètres de long, et un coup comprenant pas moins de 43 vertèbres cervicales.

Toujours est-il que ces fantastiques créatures marines ont vécues, et se sont répandues à travers toutes les mers du globe pendant plus de 150Ma, et durant tout ce temps, elles ont eu le temps de se diversifier. C’est ainsi que durant le Trias tardif apparaissent leurs cousins, les pliosaures, les pliosaures à cous courts !

Pliosaures (Plus que lézard)

Les Pliosaures… Certainement les terreurs des mers du Jurassique. Faisant partie du même clade que les plésiosaures, le clade plesosauria, le corps des pliosaures est, de manière générale, très similaire à ceux de leurs cousins à la morphologie élancée, mais les similitudes s’arrêtent là.

En effet, à la différence de leurs cousins aux longs cou, les Pliosaures ont un cou relativement court, court et large, leur donnant cet aspect massif, trapu, et leur tête est énorme, atteignant les deux mètres de longs chez certains spécimens, pour une longueur totale avoisinant les 12/13 mètres de long. Ils furent sans aucun doute parmi les plus grands reptiles marins de tous les temps.

Mais le plus effrayant, c’est leurs mâchoires, des mâchoires hérissées d’une armada de dents épaisses et pointue, une armada de dents à faire pâlir le plus terrible des tyrannosaures, et à vrai dire, les pliosaures étaient à la mer ce que les Tyrannosaures furent à la terre!

Leurs dents sont effectivement adaptées à l'arrachage, déchiquetage et autres broyages bien pratiques pour une mise à mort rapide de leurs proies, des proies certainement de tailles conséquentes.

Cependant, bien que répandus un peu partout sur la planète, ils n’étaient pas réellement nombreux, tout du moins selon le registre fossile actuel. Au Jurassique, nous les retrouvons essentiellement en Europe, ce qui correspond naturellement à l’océan Téthys, puis au Crétacé, ils sont aussi présents en Amérique du nord.

Amérique du nord qui je le rappelle, le niveau de la mer étant beaucoup plus haut qu’aujourd’hui, était au Crétacé coupée en deux par une vaste mer intérieure, la grande « voie maritime intérieure occidentale », une immense étendue d’eau traversant le continent du nord au sud, où devait s’ébattre joyeusement toutes sortes de créatures marines plus sympathiques les unes que les autres.

A ce stade, si nous retournons sur la branche du clade archelosauria, après les tortues nous avons les thalattosuchiens et les crocodiliens, eux même faisant parti du clade des archosaures, mais ayant récemment bien décortiqué cette lignée à travers trois épisodes, inutile de nous attarder dessus.

Néanmoins, sur cette branche, au sein des archosauromorphes nous avons l’énigmatique Tanystropheus (longues vertèbres) que je n’ai pas pu mentionné dans l’épisode précédent pour des raisons de temps.

Tanystropheus est un animal qui vivait durant le Trias moyen, et ses restes nous proviennent d’Europe, du Moyen-Orient et de Chine, un animal qui estime-t-on mesurait dans les six mètres et qui divise la communauté scientifique, par l’originalité de son squelette.

Et notamment, comme le dit son nom, la longueur de ses vertèbres, une longueur qui laisse les chercheurs perplexes, on parle même de « véritable énigme de biomécanique » à son égard.

Généralement, les animaux à long cous sont pourvus d’un grand nombre de vertèbres, comme l’élasmosaure de Tournemire et ses 43 vertèbres que j’ai mentionné plus tôt, mais ce n’est pas le cas chez Tanystropheus.

Chez Tanystropheus on compte seulement 12 à 13 vertèbres, mais des vertèbres qui se sont étirées, allongées ! Et la gravité étant ce qu’elle est, comment pour supporter le poids d’une telle longueur de cou, les chercheurs en sont donc venu à penser qu’il s’agissait certainement d’un reptile marin.

Mais, car il y a un mais, le reste de son corps laisse à penser qu’il s’agirait plutôt d’un animal terrestre. Du coup on imagine Tanystropheus comme un reptile plutôt terrestre évoluant sur le littoral tout en se nourrissant de poissons qu’il péchait avec son long cou ! En bref, un mystère de plus ! Ce n’est pas beau la paléontologie ?

Mosasaures (Reptile de la meuse)

Les reptiles marins du mésozoïque

Nous voilà donc au crétacé, les plésiosaures sont en pleine ascension alors que les ichthiosaures entament leur inéluctable déclin. Un déclin qui vous disais-je, pourrais être corréler à l’arrivé d’un nouvel acteur, le mosasaure, ou tout du moins, la famille des mosasauridés.

Les « grands lézards marins », alors pour le coup, ce sont vraiment des lézards, comme vous pouvez le constater sur notre cladogramme, ils font partie des squamates, ses proches cousins sont les iguanes et les serpents, et vu que les serpents sont des lézards qui ont perdus leurs pattes, nos énormes Mosasaures sont par conséquent de lointains lézards marins et plus précisément de lointains varanidés, des varans.

Quoi qu’il en soit, les mosasaures apparaissent tardivement, au Crétacé supérieur. A cette époque, le continent Pangée est totalement disloqué, et la géographie de ce monde d’alors préfigure déjà celui que nous connaissons. L’Afrique s’est désolidarisée de l’Amérique du sud, ouvrant ainsi totalement l’océan Atlantique, la Téthys est désormais immense, favorisant le développement et l’expansion de la faune marine à travers toute la planète.

Et effectivement, on connait près de 70 espèces fossiles réparties quasiment partout sur le globe, de plus, étant de redoutables prédateurs ils deviennent, comme nous allons le voir dans quelques instants, les plus nombreux dans les mers du Crétacé supérieur.

Mais ne vous y trompez pas, tous n’étaient des monstres de 15 mètres de long, et oubliez Jurassic world et son godzilla-mosasaure, certains mesuraient moins de deux mètres (Aigialosaurus bucchichi) et la majorité d’entre eux avoisinaient les 4/5 mètres, la taille d’un grand requin blanc, ce qui est déjà conséquent vous en conviendrez. Sans compter que certaines espèces vivaient en eau douce. Bref ils étaient très diversifiés.

Pour conclure, je vous propose de jeter un œil à la diversité des différents groupes à travers le temps et quelques graphiques, tout ceci, bien entendu, en fonction du registre fossile.

Le Trias, nous l’avons vu, est caractérisé par une diversité importante de reptiles marins, c’est l’émergence des reptiles marins. Les faunes sont alors dominés par des formes inféodées aux milieux littoraux, tel les nothosaures, les ichthyosaures ou les placodontes, toutefois, les thalattosaures sont dominants. Cependant vers la fin du Trias, quand survient la crise qui délimite les Trias du Jurassique, la quatrième des cinq grandes extinctions, progressivement les reptiles marins côtiers laissent la place à des formes plus pélagiques.

Densité des reptiles marins

Ainsi, dès le Jurassique inférieur ce sont les ichtyosaures et autres plésiosaures, pliosaures inclus qui prennent la place dominante. Place dominante à laquelle, vers la fin de l’époque viennent s’ajouter les thalattosuchiens, et les crocodiliens en général.

Puis au Jurassique moyen on assiste à une réorganisation faunique causée par une compétition parmi les reptiles marins, les pliosaures et les crocodiliens prennent l’ascendant sur les ichthyosaures.

On note que nous avons ici un gap, un « trou » sûrement dû au manque de fossiles au moment où fut fait ce graphique.

Toujours est-il qu’au Jurassique supérieur, on assiste de nouveau à diversifications des genres, et notamment chez les chéloniens, les tortues s’imposent sur les zones côtières. Le Crétacé inférieur est quant à lui marqué par une nouvelle réorganisation des faunes de reptiles marins, probablement liée nous dit Nathalie Bardet, à une compétition avec les requins.

Et pour terminer, au Crétacé supérieur, nous voyons de façon significative le remplacement progressif de l’ensembles des reptiles marins par les squamates, autrement dit des mosasaures.

Puis vous connaissez la suite, il y a 66 Ma, venu des tréfonds de l’espace, un objet céleste s’abat sur la planète bleue mettant fin au règne de tout ce petit monde, enfin de la grande majorité de ce petit monde !

Désormais, rien ne sera plus comme avant !

 

Dernière mise à jour le 15/11/2022
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