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MYTHOLOGIE GRECQUE - PALEONTOLOGIE

HISTOIRE DE FRANCE - SYSTEME SOLAIRE - LECTURE - PHILATELIE

Histoire de France

Louis XIV et la politique

Sous la plume de Louis XIV, les termes les plus fréquents sont "ma dignité", "ma gloire", "ma grandeur", "ma réputation". Ces préoccupations annoncent une politique extérieure ambitieuse, qui suppose des finances et une économie en ordre; en un mot: un roi de France riche dans un royaume riche.

Colbert consacrera toute son énergie à donner à son souverain les moyens d'une telle ambition. Il réalise l'essentiel de son œuvre avant 1672; après, les résultats de sa politique, menée dans un contexte séculaire de crise et de disette monétaire, seront remis en cause par la priorité accordée au "dehors" à la guerre.

Le rôle de Colbert

Colbert Colbert

Le premier objectif de Colbert consiste à rétablir l'équilibre du budget, grâce à une réduction des charges et à un meilleur rendement de la fiscalité. En dix ans, il réalise une économie de plusieurs millions de livres en diminuant ou en annulant les rentes et les intérêts des emprunts d'État contractés sous Richelieu et Mazarin.

Il supprime et rachète un certain nombre d'offices afin d'économiser sur le versement de leurs gages. Après l'éviction du surintendant Fouquet et la liquidation de son clan, Colbert fait se tenir une Chambre de justice (1662-1669), juridiction chargée de rechercher et de punir les malversations des gens des Finances. Le Trésor parvient ainsi à se faire rembourser une centaine de millions de livres.

Colbert s'applique méthodiquement non à réformer en profondeur un système fiscal injuste, mais à en accroître les recettes. S'il diminue la taille personnelle (qui avait fortement augmenté depuis 1635), il fait la chasse aux privilèges indus, notamment à l'exemption d'impôt des faux nobles, et veille à restaurer les revenus du domaine royal. Les résultats ne se font pas attendre: dès 1662, le budget présente un excédent, situation qui se maintiendra jusqu'au début de la guerre de Hollande, en 1672. En dix ans, les revenus de l'État font plus que doubler.

Le budget menacé

cardinal de Richelieu Le cardinal de Richelieu

Mais la politique de prestige du roi contribuera à ruiner ces efforts. Les années 1670 voient revenir le déficit budgétaire, qui devient ensuite la règle. Les anticipations permanentes des dépenses rendent de plus en plus vaine la tenue d'un véritable budget.

Pour financer une politique extérieure agressive, ainsi que les travaux du roi et la cour, Colbert doit à nouveau augmenter les impôts directs et indirects, et recourir aux expédients, ou "affaires extraordinaires", comme les ventes d'offices, l'aliénation du domaine royal, les emprunts aux particuliers, les taxes.

En 1680, la création de la Ferme générale permet au Trésor de toucher à l'avance, et en bloc, les revenus des impôts indirects – qui sont affermés, c'est-à-dire concédés contre redevance forfaitaire à soixante fermiers généraux.

Mais le système aggrave l'arbitraire de leur perception. Avec quelque amertume, après vingt années de service et déjà dans une semi-disgrâce, Colbert s'adresse ainsi au roi en 1681: "À l'égard de la dépense, quoique cela ne me regarde en rien, je supplie seulement V.M. de me permettre de lui dire qu'en guerre et en paix elle n'a jamais consulté ses finances pour résoudre ses dépenses."

Ce respectueux rappel sonne désagréablement aux oreilles d'un monarque redouté dans toute l'Europe et alors au faîte de sa gloire.

Le colbertisme

Le cardinal Mazarin Le cardinal Mazarin

La réorganisation financière tentée par Colbert n'a de sens que dans le cadre d'une politique économique globale. Comme nombre de ses contemporains, Colbert pense que la quantité de métal précieux en circulation dans le monde est à peu près constante.

La richesse et la puissance d'un État se mesurant à la quantité de numéraire possédé, il s'agit donc, par une politique appropriée, d'attirer et de retenir à l'intérieur du royaume le plus de métal précieux possible: cela revient à acheter peu à l'extérieur – à importer peu – et à exporter beaucoup. Le colbertisme n'est ainsi qu'un avatar du mercantilisme, doctrine répandue depuis le XVIe siècle dans nombre de pays d'Europe.

Le développement des manufactures aux productions prestigieuses – comme celle des Gobelins (créée en 1667), qui fabrique des tapisseries de haute lisse, ou la manufacture Van Robais (installée en France en 1665, à la demande de Colbert), qui produit des draps fins – et la volonté de réglementer les activités des corporations urbaines sont à replacer dans cette perspective.

L'importance du commerce extérieur explique l'attention accordée au développement de la flotte et des ports; elle justifie la mise en place de compagnies de commerce pour mieux tirer profit des "îles à sucre" (les Antilles) et des "terres à épices", et bénéficier des échanges actifs en Méditerranée ou dans la Baltique. À l'inverse, pour protéger les productions françaises de la concurrence britannique et hollandaise, des tarifs douaniers prohibitifs sont mis en place en 1664 et 1667.

Une véritable "guerre d'argent" est ainsi enclenchée. Quand le conflit éclate avec la Hollande, en 1672, les ambitions de Louis XIV rencontrent donc les aspirations de son ministre, fort désireux d'abaisser les Provinces-Unies, qualifiées de "république de marchands de fromages".

Une Europe au ralenti

Le demi-échec de Colbert, illustré après 1675 par la disparition de plusieurs manufactures et la liquidation de certaines compagnies de commerce, n'est pas à imputer entièrement à la politique de magnificence de Louis XIV.

La dépression générale qui touche l'Europe, l'indifférence des détenteurs de capitaux envers les manufactures et le grand commerce maritime, la puissance redoutable du commerce anglais et hollandais constituent de puissants freins aux ambitions françaises. Toutefois, l'essor des régions littorales représente une réussite riche de promesses.

Dernière mise à jour le 22/12/2015
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