Petit fils de Saint Louis, dont il est tout l’opposé, ce fils aîné de Philippe III le Hardi et d’Isabelle d’Aragon, né à Fontainebleau en 1268, devient roi à dix-sept ans à la mort de son père (1285).
Sa personnalité est fort mal connue et reste énigmatique. Ce dont on est sûr, c’est que Philippe IV porte bien son surnom : la grande beauté de son visage et sa magnifique prestance sont incontestable. Pour le reste, les avis sont partagés, notamment sur la question de savoir s’il fut faible de caractère et pauvre d’intelligence où si, au contraire, il fut un roi énergique, comme semble en témoigner l’unité de sa politique extérieure et intérieure.
Il est hors de doute, en tous cas, que pour l’histoire, son règne, comme celui de son grand-père, est l’un des plus grands de la dynastie Capétienne.
Il épouse, lors de ses dix-sept ans, Jeanne de Navarre en Octobre 1285 qui lui apporte en dot la Champagne et la Brie, le comté de Bar et la Navarre. Il est donc, le premier roi de France à porter le titre de "Roi de Navarre", titre qu'il doit à son mariage avec Jeanne de Navarre et qu'il ne peut porter que du vivant de sa femme.
En bon continuateur de la politique de ses pères il contribue à agrandir le domaine royal par des achats : en 1289, par un traité, il réunit le Quercy au domaine moyennant une rente de 3000 livres au roi d’Angleterre : en 1291 il acquiert le Beaugency, deux ans après, Montpellier et son port de Lattes : en 1302, les vicomtés de Romagne et de Auvillars, sont achetés au Comte de Périgord ; en 1307, le Comté de Bigorre à l’évêque du Puy : enfin, en 1308, les Comtés de la Marche et d’Angoulême ainsi que la seigneurie des Forges. Comme on peut le constater la France change de visage assez rapidement.
Il faut aussi préciser, qu’il se fit reconnaître les possessions de Lille, Douai, Béthune, la seigneurie de Mortagne et la Châtellenie de Tournai, et bien d’autres encore. Ce qui fait qu’à la mort de Philippe IV le domaine royal couvre les deux tiers du royaume.
Pour l’aider dans ses affaires du royaume, il s’entoure de nombreux conseillers, parmi lesquels Pierre Flote, Guillaume de Nogaret et Enguerrand de Marigny qui sont resté les plus célèbres.
Philippe le Bel, s'avère être un fin politicien. Lors du traité d'Anagni, en 1295, il met fin à la guerre d'Aragon déclaré par son père, réforme les traditions féodales pour moderniser les institutions et établir une monarchie au roi tout puissant.
Cependant, Philippe IV doit faire face au problème récurrent de l'approvisionnement du Trésor royal. A cette fin, il tente en vain d'établir une imposition directe et régulière sur le capital, les revenus ou par "feu" (familles). Mais la création d'impôts nouveaux étant évidemment mal perçue, il préfère faire usage d'expédients hasardeux.
De lourdes taxes sont imposées et si celles ci ne sont pas perçues, il confisque; tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins. La réputation du roi de France est chute libre !
Autre solution de fortune pour relever les finances: l'altération de la valeur du cours la monnaie, mesure déjà pratiquée et promise à un bel avenir. En 1301, l'évêque de Pamiers Bernard Saisset, qui contestait la souveraineté des Capétiens sur le Languedoc, accuse le roi d'être un "faux monnayeur" car il frappait des monnaies contenant une valeur-or inférieure à leur valeur nominale: il est évidemment emprisonné.
Les Juifs, tout comme les Lombards, sont doués pour le métier de banquiers. Tout comme la royauté, bon nombre de personnes sont endettés auprès d'eux. Les persécutions qu'il dirige ainsi contre les Lombards et les Juifs, jouant pourtant un rôle capital dans les finances royales et le commerce, lui permettent, après confiscation de leurs biens, de renflouer le Trésor royal.
Lorsque Philippe le Bel les expulse du royaume, leurs débiteurs sont dégagés de leurs remboursements. Philippe le Bel gagne ainsi en notoriété au sein de la population, car, bien entendu, ils sont expulsés "une main devant, une main derrière" et leurs richesses tombent dans l'escarcelle de la royauté. Il est évident autant que significatif, qu’une affaire d’impôt ait été à l’origine du conflit entre le roi et la papauté.
Mais, constamment pressé par le besoin d’argent, Philippe IV doit en effet multiplier les ressources extraordinaires. L’agrandissement du royaume et l’extension de la notion de la souveraineté royale accroissent les charges du gouvernement. L’administration se perfectionne (Grand Conseil, Chambre des comptes, Cour du Parlement, Chancellerie, Monnaie, l’administration des forêts, les fonctionnaires royaux (Baillis, Prévôts, etc…)
Les conséquences sont inéluctables, et ce qui devait arriver, arriva. Le Pape Boniface VIII s'insurge et conteste la taxe imposée. Il déclare que "le pouvoir spirituel l'emporte sur le pouvoir temporel"; comprendre : le pape est supérieur au roi ! Et menace le roi de France d'excommunication voire de jeter "l'interdit" sur son royaume.
En colère, Philippe le Bel avec l'aval des évêques de France, envoi son conseiller Guillaume de Nogaret en Italie, arrêter le pape afin de le faire juger. Ce dernier est réfugié dans sa résidence d'été à Anagni lorsque arrive Guillaume de Nogaret, il est accompagné d'un membre de la noblesse romaine, Sciarra Colonna, lequel est un ennemi intime du pape.
Boniface VIII, vieil homme alors âgé de 68 ans, reçoit avec défiance l'envoyé du roi de France, il déclare avec courage "Voilà ma tête, voilà mon cou, au moins je mourrai en pape !" Le pape est arrêté. Mais à Anagni, Boniface VIII est tant apprécié par la population qu'elle se révolte et finit par libérer le saint père des griffes des français. Celui-ci très affecté est malade, il succombe quelques temps après.
Un nouveau pape lui succède, un nommé Benoît XI. Cet amoureux de la paix, tente par tous les moyens de réconcilier la papauté avec le roi de France. Mais ce pape ne fait pas long feu. Quelque mois après son élection, il décède prématurément, empoisonné par des figues dit-on. Empoisonné, oui ! Mais par des figues, rien de moins sûr !
Tout cela va déboucher sur l’élection en 1305 d’un français, Bernard de Got archevêque de Bordeaux. Il est couronné pape à Lyon en 1309 sous le nom de Clément V. Mais, prudent, il préférera installer la papauté en Avignon, propriété de la famille d'Anjou-Provence jusqu'à son rachat par Clément VI en 1348.
Clément V est de connivence avec Philippe le Bel, c'est lui-même qui l'a installé à ce poste car à un objectif bien précis et ce nouveau pape va l'aider à y parvenir.
Voir la page dédiée à l'attentat d'Anagni
Le roi Philippe, toujours en quête d'argent, s'intéresse alors à l'ordre du Temple. Les Templiers ont amassés des fortunes durant les croisades et jouent souvent les banquiers royaux. En outre, ils sont les gestionnaires du trésor royal depuis Philippe Auguste. La gestion leur est donc retirée au profit d'agents royaux.
A plusieurs reprises, le roi a demandé des "prêts" à l'ordre du Temple. Toujours acceptés, rarement remboursés, la dette à rembourser est conséquente et les finances au plus bas... Une décision s'impose : Plus de Templiers, plus de dette !
Le 14 Septembre 1307, dans tout le royaume, les Templiers sont arrêtés, envoyés dans les geôles royales et torturés jusqu'à obtention de leurs aveux d'hérésie au sein de l'ordre.
Le pape prononce finalement la dissolution de l'ordre le 3 avril 1312. Après sept années de procès, la plupart des Templiers sont envoyés en prison ou finissent au bûcher.
Le grand maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, et son second Geoffroi de Charnay, le précepteur de Normandie sont mis à mort sur un bûcher double sur l'île au Juifs à Paris en aval des jardins du palais à la pointe occidentale de la Cité le soir du 19 Mars 1314. Toutes les richesses reviennent de droit à la royauté, affaire conclue !
Sur le bûcher, alors que les flammes commencent à lécher le corps du Templier, celui-ci, lance : "Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s'abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir"
Les derniers mois du règne de Philippe IV sont entamés par "l'affaire" de ses brus: Marguerite de Bourgogne, Jeanne de Bourgogne et Blanche de Bourgogne, épouses des futurs rois Louis X, dit le Hutin, Philippe V, dit le Long, et Charles IV, dit le Bel, sont accusées d'adultère et comparaissent devant un tribunal spécial en avril 1314.
Marguerite et Blanche sont enfermées à Château-Gaillard : la première mourra de mort violente en 1315,, dans un cachot ouvert à tous les vents (on parle d’une pleurésie), ou vraisemblablement étranglée sur ordre de son mari. La seconde Blanche devra accepter l'annulation de son mariage et finira ses jours à l'abbaye de Maubuisson.
Jeanne la femme du futur Philippe V, échappe à l'accusation d'adultère, elle est enfermée pendant un an dans la forteresse de Dourdan, puis elle est acquittée par manque de preuves. En 1315, Jeanne reviendra à la cour du roi et en 1316 à la mort de Jean le posthume, héritier du trône, son mari est proclamé roi de France, elle devient ainsi reine de France.
Au cours de l'année 1314, Philippe le Bel, rend visite à son oncle, le compte de Clermont. Au cours d'une chasse organisée à l'intention du roi de France, celui-ci, fais une chute de cheval. Le choc est d'une violence, que le roi est dans l'impossibilité de parler. Il est rapatrié vers Fontainebleau ou il s'éteint quelques semaines plus tard, le 29 Novembre 1314.
Il est naît à Fontainebleau et il est mort à Fontainebleau, c'est sans précédent !