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HISTOIRE DE FRANCE - SYSTEME SOLAIRE - LECTURE - PHILATELIE

Histoire de France

Henri IV (1553-1610)

Henri Roi de Navarre

Henri IV à la Bataille d'Ivry Henri IV à la Bataille d'Ivry

Toute une légende entoure la naissance, le 14 décembre 1553 à Pau, du futur Henri IV, fils d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et de Jeanne d'Albret. Au château de Pau, le grand-père aurait exigé que le nourrisson soit baptisé avec de l'ail et du vin de Jurançon et il aurait interdit qu'on lui donne des "babioles".

Il n'en est pas moins vrai que le jeune Henri reçoit une éducation sévère et sa mère l'instruit fermement dans la foi calviniste. Elle veille il ce que son instruction soit solide. Dans les Commentaires de César et dans Plutarque, ses lectures favorites, il trouve des "maximes excellentes pour sa conduite et pour le gouvernement des affaires".

Mais la formation du jeune roi est d'abord pratique. Il est élevé à la béarnaise, jouant et se battant avec les enfants des environs, vêtu comme eux, escaladant en leur compagnie les rochers du pays. De cette expérience, il gardera le goût des contacts avec tous les milieux et le goût de l'empirisme dans la conduite des affaires. Enfin, dès la troisième guerre de Religion, il fait ses premières armes.

En 1569, sa mère le présente à l'assemblée de La Rochelle comme chef du parti huguenot et il se distingue, l'année suivante, à la bataille d'Arnay-le-Duc. Son courage devient vite légendaire et il sait se montrer aussi rusé stratège que bon soldat. En 1595-1596, pour s'emparer de la Fère tenue par les Espagnols, il inondera le plat pays et c'est par une véritable bataille navale qu'il fera tomber la place forte.

Après la mort de sa mère, le 9 juin 1572, il règne sur la Navarre. Deux mois plus tard, le 18 août, son mariage célébré à Paris, avec la sœur de Charles IX, Marguerite de Valois, sert de garantie à la paix de Saint Germain conclue entre catholiques et protestants. Une semaine plus tard, a lieu le massacre de la Saint-Barthélemy. Henri n'a la vie sauve qu'en abjurant et, pendant trois ans, il est retenu à la cour de France ...

En février 1576 il réussit à s'évader, Il renonce aussitôt au catholicisme et reprend la tête de l'armée protestante. En 1584, la mort de François d'Alençon, cadet d'Henri III, le met soudain au premier rang. Le nouveau roi n'a pas d'enfant et Henri de Navarre devient l'héritier du trône.

Cette perspective exacerbe les haines religieuses. Groupés dans la Ligue, les catholiques refusent un roi huguenot. Après avoir assassiné les Guise, Henri III se rapproche du roi de Navarre et les deux souverains, à la tête d'une armée de 30 000 hommes, viennent mettre le siège devant Paris.

Le premier roi de France de la lignée des Bourbons

Henri IV, le premier roi de France de la dynastie des Bourbons Le roi Henri IV

L'éventualité tant redoutée par les catholiques se produit le 2 août 1589 : Henri III est assassiné et le roi de Navarre devient de jure roi de France sous le nom d'Henri IV. En fait, une partie du royaume se dresse contre lui. Il n'est que le roi des huguenots. Sa cause semble désespérée.

L'avènement suscite la colère des chefs catholiques, qui refusent un roi huguenot. En vain le nouveau souverain affirme-t-il son intention de maintenir la religion catholique et de se faire instruire par "Un bon et légitime concile". Cette déclaration n'empêche pas la défection de plusieurs seigneurs catholiques et indispose une partie des calvinistes. Avec une  armée rongée par la désertion, Henri IV doit lever le siège de Paris.

Mais le Gascon ne désespère pas, Il compte sur le temps et sur sa modération pour rallier l'ensemble du royaume. Il se retire vers la Normandie, restant à portée de Paris et des secours d'Angleterre. Il remporte ainsi sur les troupes de la Ligue commandées par Mayenne les deux victoires : d'Arques en septembre 1589 et d'Ivry en mars 1590, celle-ci marquée par le mot célèbre : «Ralliez-vous à mon panache blanc. Vous le trouverez toujours sur le chemin de la victoire et de l'honneur !»

Fort de ses succès, Henri IV met à nouveau le siège devant Paris. Mais, fanatisée par les moines, la population oppose une résistance farouche qui permet aux Espagnols d'intervenir. Venu des Pays-Bas, le duc de Parme, Alexandre Farnèse oblige Henri IV à lever le siège et se replier sur la Normandie, ou Il ne peut s emparer de Rouen en 1592. Les forces des deux adversaires s'équilibrent.

Après la mort du cardinal de Bourbon proclamé roi par la Ligue, le duc de Mayenne convoque, en 1593, les états généraux pour désigner un souverain catholique, tandis que Philippe II d'Espagne s'obstine à vouloir donner la couronne à sa fille Isabelle, petite-fille d'Henri II. Cette prétention ranime le sentiment national et divise les ligueurs. Henri IV comprend qu'il faut consentir à un geste décisif. En ma1 1593, il annonce son intention de se convertir.

La cérémonie solennelle  d'abjuration a lieu le 25 juillet 1593, en la basilique de Saint-Denis. Des lors, les ralliements des catholiques se multiplient accélérés par le sacre, le 25 février 1594. Un mois plus tard, Henri IV fait son entrée dans Paris.

Tout n'est cependant pas réglé. La guerre avec l'Espagne va se poursuivre trois ans en Picardie et en Bourgogne. Elle s'achève en 1598 par le traité de Vervins, qui confirme celui de Cateau-Cambrésis et consacre l'échec de la politique de Philippe II en France. Mais le plus difficile est d'apaiser les rancœurs des calvinistes qui ne pardonnent pas au roi son abjuration. L'Edit de Nantes en 1598 accorde aux protestants des avantages considérables et met fin à quarante ans de guerre de Religion.

Henri IV, le premier roi de France de la dynastie des Bourbons Le roi Henri IV

Une fois assuré le rétablissement de la paix intérieure et extérieure par l'Edit de Nantes et le traité de Vervins, Henri IV peut s'attacher à la réorganisation de la France et à la restauration de l'autorité royale. A quarante-cinq ans, le roi se trouve dans la force de l'âge, Il est réputé pour ses qualités d'homme de guerre, sa bonhomie, sa verve en finesse et sa parfaite connaissance des hommes.

Il va révéler un sens aigu de l'autorité. Henri IV entend être obéi et il veut, «au maniement des affaires de l'Etat, être cru absolument et un peu plus que ses prédécesseurs n'avaient fait». L'absolutisme va franchir un pas supplémentaire.

De fait, les états généraux ne sont jamais convoqués. Les grands sont exclus du Conseil et doivent se contenter de charges de cour. Les libertés des villes sont restreintes et les gouverneurs de province invités à se cantonner dans leurs fonctions militaires et à éviter de «se mêler du fait des finances, non plus que du fait de la justice».

Un grand exemple montre J'étendue de la nouvelle autorité. Pour avoir comploté avec l'Espagne, Biron, quoique vieux compagnon du roi, est condamné à mort et décapité en 1602.

Pour mener à bien sa tâche, Henri IV s'entoure d'un personnel choisi uniquement pour ses compétences, des catholiques modérés comme le cardinal d'Ossat, d'anciens ligueurs comme le président Jeannin ou Villeroi, ou des huguenots comme Sully. En fait, celui-ci se révèle comme l'auxiliaire le plus précieux du monarque, cumulant les Finances, les Travaux publics et la Guerre.

En plein accord avec son ministre, Henri IV manifeste la plus grande sollicitude envers les paysans. Il interdit les saisies, veille personnellement à réprimer les exactions des gens de guerre. Il s'efforce de mettre la campagne à la mode, se fait lire à table le Théâtre d'agriculture d'Olivier de Serres et tâche de ramener la noblesse aux champs.

Brisant la méfiance de l'austère Sully, attaché exclusivement aux produits de la terre et ennemi de «toutes somptuosités et superfluité», le roi entreprend de restaurer les industries textiles et de développer les fabrications de luxe, ne serait-ce que pour éviter des sorties d'argent.

Elevant le négociant Laffemas aux fonctions de contrôleur général du Commerce il fonde ou subventionne les manufactures de tapis, verreries, cuirs, toiles et surtout soieries, tout en encourageant les plantations de mûriers. Contre l'avis de Sully encore, il stimule le grand commerce maritime et reprend les projets de colonisation du Canada avec Champlain.

En définitive, en une douzaine d'années, l'ordre est rétabli dans le pays et la France s'est relevée de ses ruines.

Tout en rétablissant la paix et la prospérité du royaume, Henri IV ne néglige pas les problèmes extérieurs. Il suit une politique pacifique et prudente destinée il relever le prestige de la France. En 1600, une courte guerre avec le duc de Savoie donne à la France la Bresse et le Bugey. Mais les adversaires principaux restent les Habsbourg d'Espagne et d'Autriche.

Au départ, Henri IV se contente de soutenir les Provinces-Unies et les princes protestants d'Allemagne. Mais, en 1609, il entend aller plus loin. L'empereur, profitant de la mort du duc de Juliers sans héritier direct, occupe la principauté. Henri IV s'apprête à réagir militairement et appuie deux cousins éloignés du duc de Juliers, l'électeur de Brandebourg et le duc de Neubourg, dans leurs prétentions à l'héritage.

Simultanément, il décide d'intervenir au Milanais, terre espagnole où vient de se réfugier le prince de Condé, mécontent des assiduités d'Henri IV auprès de sa propre femme, née Charlotte de Montmorency. Deux armées sont rassemblées, l'une en Champagne, l'autre en Dauphiné. Henri IV resserre son alliance avec les Provinces-Unies et se rapproche de la Savoie.

Cette attitude résolue est-elle la manifestation de ce Grand Dessein présenté plus tard par Sully, dans ses Mémoires, et qui visait  à la destruction de la Maison d'Autriche, au rejet des Turcs en Asie et à un remaniement général de l'Europe en vue de la construction d'États unis
  
Rien ne permet de le penser, Henri IV cherchait sans doute simplement à protéger l'indépendance des princes allemands et à occuper le Milanais, position stratégique essentielle pour les Habsbourg. Ce plan limité comportait cependant un risque d'extension : Richelieu devait qualifier l'entreprise de "hasardeuse et téméraire".

Quoi qu'il en soit, l'émotion grandit en France, où les passions religieuses sont loin d'être éteintes. Si les huguenots se réjouissent de la querelle avec les Habsbourg et d'une politique de rapprochement avec les princes protestants, les catholiques s'alarment à l'idée d'une intervention armée contre l'Espagne.

Dans le peuple, on raconte même que le roi veut faire la guerre au pape ! Ces bruits finissent par déranger complètement l'esprit d'un illuminé. Et le 14 mai 1610, au lendemain du couronnement de la reine à Saint-Denis (décidé en prévision du départ du roi pour l'armée), Ravaillac réussit à assassiner Henri IV de deux coups de couteau, rue de la Ferronnerie.

La douleur est immense à Paris et bientôt à travers tout le royaume. La guerre impopulaire est oubliée et l'on ne veut garder que le souvenir d'un souverain qui a rétabli la paix religieuse et restauré la prospérité économique.

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Dernière mise à jour le 22/12/2015
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