Gaston Doumergue (1863-1937)

Président de la république de 1924 à 1931

Prudent, habile, d'une cordialité toute méridionale, Gaston Doumergue, né le 1er août 1863  à Aigues-Vives dans le Gard, connaît l'art de séduire les Français. «Vous êtes, lui dit Mme de Noailles après son entrée à L'Elysée, notre Gastounet national !»

Issu d'une famille rurale et protestante, il débute comme avocat avant de se faire élire député du Gard sous l'étiquette radicale socialiste (1893). Dreyfusard, il affiche également de profondes convictions laïques.

A partir de 1902, il est plusieurs fois ministre et constitue, en décembre 1913, son premier gouvernement d'entente républicaine. Après la victoire de 1918, l'élection de la Chambre "bleu horizon" se traduit pour lui par une brève éclipse. Toutefois, en 1923, il accède à la présidence du Sénat.

L’année suivante le succès du Cartel des gauches amène, par contrecoup, son élection à la présidence de la République : il recueille en effet, contre Painlevé, les voix de la droite et du centre, hostiles au Cartel.

Pendant sept ans, Doumergue accomplit sa tâche avec discrétion, courtoisie et une souriante bonhomie. II tient à jouer son rôle d'arbitre impartial, mais se montre pourtant bon manœuvrier.

Dès son entrée à L'Elysée, en juin 1924, il appelle au gouvernement Herriot, chef du Cartel, pour lequel il nourrit peu de sympathie, puis Painlevé. Cependant, la situation financière se dégrade et les cabinets se succèdent.

En juillet 1926, Herriot, président de la Chambre, refuse les pleins pouvoirs à Caillaux, qui veut appliquer un plan de redressement, et fait tomber le ministère.

Doumergue, qui cherche à se débarrasser du Cartel, oblige alors Herriot à former le nouveau cabinet conformément à la règle constitutionnelle. Mais la chute du franc s’accentue et Herriot voudrait démissionner. Le président exige qu'il se présente devant la Chambre et, le 20 juillet, Herriot est renversé.

Doumergue appelle alors Poincaré, qui réussira à restaurer les finances. Après le départ de Poincaré, le président soutiendra Tardieu et Laval, sans qu'on puisse pour autant le qualifier d'homme de droite. Dans le domaine de la politique extérieure, il critique discrètement la mystique pacifiste de Briand.

En 1931, après l'élection de Doumer, il retourne dans sa propriété de TournefeuiIle. Mais au lendemain du 6 février 1934, Albert Lebrun l'invite à former un gouvernement pour assurer le redressement du pays.

Doumergue commet l'erreur de pratiquer une politique de déflation. Jugeant indispensables de profondes réformes institutionnelles, il se heurte aux radicaux et démissionne en novembre 1934.

Il meurt d'une crise cardiaque le 18 juin 1937.