Jacques de Molay et les Templiers

Fondé en 1118 à Jérusalem par neuf chevaliers français à la tête desquels se trouvait le Champenois Hugues de Payns, l'ordre militaire des Templiers allait, former, avec les Hospitaliers de Saint-Jean, l'armée permanente des Etats latins d'Orient.

D'abord nommés "Pauvres chevaliers du Christ", les nouveaux moines-soldats prennent leur nom de Templiers lorsque Baudoin II, roi de Jérusalem, les installe dans l'ancien temple de Salomon.

En 1128, saint Bernard fait approuver la fondation de l'ordre par le concile de Troyes et lui impose la règle cistercienne.

Les chevaliers, tous nobles, prononçent les voeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance ; en dessous d'eux, sergents et écuyers peuvent être des roturiers. En 1188, on installe au sommet de la hiérarchie un grand maître élu, assisté du sénéchal et du maréchal de l'Ordre, mais le véritable pouvoir réside dans les chapitres.

Les Templiers se reconnaissent à leurs manteaux de laine blanche ornés d'une croix rouge. Avec les Hospitaliers, ils se battent contre les infidèles, bâtissent des forteresses, protégent les pèlerins et ils ont fini par jouer un rôle financier considérable.

L'exploitation de leurs domaines, les dons, la confiance des possédants utilisant leurs édifices inviolables comme abris de leurs trésors, leur crédit à travers le monde leur ont apporté une puissance financière internationale.

Après la perte de Jérusalem en 1291, l'utilité militaire de l'Ordre disparait et beaucoup de critiques, jusqu'alors étouffées, se font entendre. Le mystère des cérémonies du Temple inquiéte. On accuse les chevaliers d'impiété, d'ivrognerie, de débauche.

Les établissements qu'ils ont fondés en France sont particulièrement prospères. Poussé par son conseiller, Nogaret, le roi Philippe le Bel décide d'abattre la puissance du Temple, tout en mettant la main sur ses trésors.

Le 13 octobre 1307, il fait arrêter le grand maître Jacques de Molay et soixante chevaliers sous l'inculpation d'hérésie, d'idolâtrie, de sodomie.

Torturés, ils avouent des crimes qu'ils n'ont sans doute pas commis. Le faible pape Clément V, pressé par le roi, finit, après des années d'hésitation, par dissoudre l'Ordre le 3 avril 1312.

Entre-temps, des Templiers, qui ont rétracté leurs aveux, sont brûlés vifs au cours du mois de Mai 1310.

Jacques de Molay subit le même sort le 19 mars 1314. Philippe le Bel ne récupère en France qu'une faible partie des biens du Temple, le reste étant dévolu aux Hospitaliers.