Paul Doumer (1857-1932)

Président de la république de 1931 à 1932

Pendant les onze mois qu'il passe à L'Elysée, le président Paul Doumer ne cherche pas la popularité, mais il gagne l'estime générale par son inflexibilité morale et son sens du devoir.

Les Français raillent parfois son excès d'austérité, mais ils n'ignorent pas que ce citoyen respectable a perdu trois fils à la guerre (un quatrième étant mort de ses blessures en 1923) et ils admirent sa force d'âme.

Né à Aurillac, le 22 mars 1857, Paul Doumer est le fils d'un poseur de rails à la Compagnie d'Orléans. Orphelin de père, il commence à travailler à l’âge de douze ans chez un graveur de Montmartre, tout en suivant des cours du soir. Sa volonté et ses dons naturels lui permettent une rapide ascension.

Ayant acquis des diplômes, il est successivement professeur, journaliste, député de l'Aisne en 1888, puis de l'Yonne en 1890. En 1895 il entre comme ministre des Finances dans le cabinet Léon Bourgeois et préconise l'impôt sur le revenu.

L'année suivante, il est nommé gouverneur général de l'Indochine, où il inaugure l'ère des grands travaux. Rentré en France en 1902, il est élu président de la Chambre, puis se porte candidat à l'élection présidentielle de 1906, mais les radicaux, qui lui reprochent d'avoir abandonné Emile Combes, ne le soutiennent pas et Fallières est élu.

Après une longue carrière parlementaire et ministérielle, qui le conduit à la présidence du Sénat, resté actif malgré ses soixante-quatorze ans, Paul Doumer décide de se présenter à la plus haute magistrature, lorsque le président Doumergue quitte L'Elysée.

Ayant appris, deux jours avant le scrutin, que Aristide Briand revenait sur sa décision de n'être pas candidat, il ne songe pas à s'éclipser et l'emporte au second tour le 13 mai 1931 : au prophète de l'Europe unie, les électeurs ont préféré l'austère président du Sénat.

A L'Elysée, Doumer travaille à mettre d'accord les groupes parlementaires. Le destin ne lui permet pas d'user longtemps de son influence.

S'étant rendu, le 6 mai 1932, à la vente des écrivains anciens combattants, il est abattu de trois coups de revolver, tandis que le romancier Claude Farrère, qui tente de le protéger, est blessé à un bras.

Transporté dans un hôpital, le président meurt le lendemain à l'aube. Son meurtrier, le Russe Gorgulov, est exécuté le 14 septembre suivant.