Comme Hidenburg, Pétain ou Eisenhower, Mac-Mahon offre l'exemple d'une carrière à la fois militaire et politique.
Issu d'une famille irlandaise, il entre dans l'armée en 1827 et sort de Saint-Cyr en 1827. C'est sous Louis-Philippe qu'il se fait remarquer lors de la conquête de l'Algérie par une bravoure entêtée que l'on retrouve pendant la campagne de Crimée, où il s'empare de la tour de Malakoff, prononçant son fameux, "J'y suis, j'y reste !".
En 1859, il remporte la victoire de Magenta et il est fait maréchal et duc par Napoléon III. En 1870, Mac-Mahon est moins heureux. Battu en Lorraine au début d'août, encerclé à Sedan et grièvement blessé, il doit céder son commandement et est fait prisonnier.
Après sa libération, il accepte de commander l'armée chargée d'écraser la Commune, ce qui lui vaut la reconnaissance de l'Assemblée.
Deux ans plus tard, son rôle politique commence. Les monarchistes comptent utiliser l'inexpérience du vaillant soldat, légitimiste convaincu, pour restaurer la monarchie. A la chute de Thiers, Mac-Mahon est élu président de la République le 24 mai 1873, et annonce, son intention de travailler au "rétablissement de l'ordre moral".
En fait, la tentative de restauration échoue, au cours de l'été de 1873, devant l'obstination du comte de Chambord à rétablir le drapeau blanc. Déçus, les monarchistes se résignent à une solution d'attente. Le 20 novembre 1873, une loi prolonge les pouvoirs du président pour sept ans. Il gardera ainsi la place et réalisera peut-être la monarchie.
L'espoir s'effondre là encore. Le président doit faire face à la montée des républicains, qui triomphent aux élections de 1876. A son corps défendant Mac-Mahon confie le gouvernement à Dufaure, puis à Jules Simon.
Bientôt, un conflit éclate entre le chef de l‘Etat et la nouvelle majorité : en apparence sur la question religieuse, en réalité sur l'esprit de la Constitution.
Le 16 mai 1877, Mac-Mahon oppose sa responsabilité à celle du "Chef de cabinet" et remplace Simon par de Broglie. Devant les protestations de la majorité républicaine, il prononce la dissolution de la Chambre, en accord avec le Sénat.
Tout au long de l'été de 1877, il s'engage à fond dans la bataille électorale, sans pouvoir empêcher une victoire des républicains. Il ne reste plus, selon le mot de Gambetta, qu'à "se soumettre ou se démettre".
Renonçant à un nouveau 2 Décembre, il se plie aux règles parlementaires, appelle le républicain Dufaure et s'engage à laisser au président du Conseil la responsabilité gouvernementale.
Deux ans plus tard la victoire des républicains au Sénat consacre la défaite de l'ordre moral et donne à Mac-Mahon l'occasion de démissionner et de laisser la République aux républicains.
Il meurt le 17 octobre 1893.