Surnommé le Conquérant mais aussi le Bâtard parce qu'il est le fils illégitime du duc Robert le Magnifique et d'Arlette, fille d'un tanneur de Falaise, Guillaume, duc de Normandie, est le fondateur de la monarchie anglaise moderne.
Né vers 1027, il est reconnu comme l'héritier du duché lorsqu'en 1034 Robert part pour Jérusalem et meurt en 1035. Sa minorité est troublée jusqu'en 1047, quand, avec l'aide de son suzerain, Henri Ier, il écrase les seigneurs rebelles au Val-des-Dunes, près de Caen : il instaure alors, dans tout le duché, la "trêve de Dieu" puis en 1083 il épouse Mathilde, la fille du Comte de Flandre.
Dix ans plus tard, il est le maître incontesté de la Normandie, dont il a fait un Etat féodal modèle qu'il agrandit du Maine, enlevé en 1062, aux Angevins.
Cet homme austère, taciturne, réfléchi et opiniâtre, qui n'aime que la politique, la guerre et la chasse, s'occupe alors des affaires anglaises. Déjà, en 1051, son cousin Edouard le Confesseur lui avait promis la succession ; mais, à la mort du roi d'Angleterre, l'assemblée des Saxons désigne Harold, le puissant comte de Sussex.
Guillaume décide donc de conquérir le royaume. Il peut compter sur la France, où son beau-père, Baudoin V de Flandre, exerce la tutelle du royaume pendant la minorité de Philippe 1er, et sur l'appui du pape Alexandre II, reconnaissant à Guillaume d'avoir réformé et comblé l'Eglise normande.
Le Bâtard réunit donc une flotte et une armée puissante (sans doute 650 nefs et 7.000 hommes) à Saint-Valéry-sur-Somme, traverse la Manche et débarque le 29 septembre 1066 sur la plage de Pevensey, et en une seule bataille, le 14 octobre 1066, à Hastings, tue Harold et bat les Saxons, qui font soumission.
Il est reconnu comme roi légitime et couronné le 25 décembre 1066, à Westminster. Il réorganise alors la société anglaise sur le modèle normand, tout en maintenant la tradition anglo-saxonne des cours locales et des manoirs.
Ainsi, il introduit le service d'ost, le serment d'allégeance prêté par tous ses sujets libres ; il se fait représenter dans les comtés par des shérifs (tous normands ou français), garde pour lui une partie des terres qu'il confisque à la noblesse anglo-saxonne et distribue le reste en fiefs à ses chevaliers.
Enfin, il organise l'Eglise, à la tète de laquelle il place son ami Lanfranc comme archevêque de Canterbury.
Au terme de cette œuvre capitale, il meurt en 1087 des suites d'une chute de cheval. Considérant l'union des deux Etats comme passagère, il lègue la Normandie à son fils ainé, Robert Courteheuse, et l’Angleterre au cadet, Guillaume le Roux, mais c'est son dernier fils, Henri Beauclerc, qui rétablit à son profit l'union anglo-normande en 1106.