Fils d'un professeur de lettres au Collège de France, Paul Deschanel, né a Bruxelles le 13 février 1856, s'oriente d'abord, après des études brillantes, vers la haute administration.
Après avoir été secrétaire de Jules Simon, il se tourne finalement vers la vie politique. Elu en Eure-et-Loir en 1885, il va offrir un exemple typique de carrière parlementaire honorable mais sans éclat.
Désigné d'abord comme vice-président de la Chambre en 1898, Deschanel conserve ce poste jusqu'en 1902, avant de l'occuper de nouveau de 1912 à 1920. Il se fait alors remarquer par sa vaste culture et son éloquence nourrie d'érudition.
Le 17 janvier 1920, il trouve des accents particulièrement émouvants pour célébrer les morts de la guerre. Deschanel manifeste également un réel talent de journaliste et collabore au Journal des débats. Il s'intéresse encore tout spécialement aux questions sociales et leur consacre de nombreux ouvrages remarqués.
Partisan de larges réformes en faveur du monde ouvrier, ce qui lui vaut de devenir chef du groupe progressiste, il n'en est pas moins favorable à une "république sans épithète". Il se heurte aux socialistes et s’oppose violemment à Jaurès à la veille de la guerre, sur la question du patriotisme.
A plusieurs reprises on lui offre des portefeuilles, Il refuse, ne se sentant pas apte à affronter les grandes luttes. Peut être aussi craint-il de se faire des ennemis qui puisse contrecarrer ses ambitions élyséennes.
Lors de l'élection présidentielle de 1920, qui doit donner un successeur à Poincaré, Deschanel obtient les faveurs du Sénat et de la Chambre bleu horizon, ne serait-ce que pour sa culture, son tact, sa distinction, son élégance et son respect du fonctionnement des institutions républicaines.
Le 17 Janvier 1920, Paul Deschanel est ainsi élu président de la République. Il devance Clemenceau, qui, sans avoir posé sa candidature, espérait bien être choisi. Il a des idées précises sur la façon de remplir ses hautes fonctions. Il refuse d'être un "rouage inerte", "l'arbitre impassible des partis".
II n'aura pas la possibilité de procéder à une nouvelle expérience politique. A peine installé à l‘Elysée, il donne des signes de fatigue et d’une dépression nerveuse qui sera à l'origine de l'accident qui va défrayer la chronique.
Au cours d'un voyage officiel, Deschanel disparaît du train présidentiel, un peu avant la gare de Montargis. Victime d'une chute inexplicable, il est trouvé en pyjama le long de la voie par un cheminot garde-barrière qui accomplissait sa ronde de surveillance.
Dès septembre 1920, le président doit abandonner ses fonctions. Elu sénateur d'Eure-et-Loir, il renonce rapidement à toute activité politique, avant de disparaître d'une pleurésie, le 28 avril 1922.