Le 5 mai 1946, un référendum rejette le projet de Constitution favorable au régime d'assemblée unique, établi par la première Assemblée constituante (10 584 359 non, 9 454 034 oui).
Félix Gouin, à la fois chef de l'État et du gouvernement, élu au lendemain du départ du Général de Gaulle le 20 janvier 1946, démissionne.
La deuxième Assemblée constituante est élue le 2 juin ; les communistes et les socialistes y perdent la majorité au profit du MRP (Mouvement Républicain Populaire).
Au lendemain du discours de Bayeux le 16 juin 1946, où de Gaulle prône un exécutif fort, l'Assemblée désigne, le 19 juin, Georges Bidault comme président du Conseil. Sous sa présidence, se tient en juillet la conférence de Fontainebleau sur le Vietnam, puis de Dalat pour une Fédération indochinoise.
Le 13 octobre 1946, un référendum adopte le deuxième projet de Constitution (qui crée deux assemblées).
Le 10 novembre, les élections pour l'Assemblée nationale donnent 28,6 % des voix au parti communiste, qui redevient le premier parti, 26,3 % au MRP, 17,9 % aux socialistes (en baisse). Le 5 décembre, l'investiture est refusée à Georges Bidault, qui sera remplacé par Léon Blum.
D'où venait Georges Bidault, qui fut ainsi, pendant près de six mois, à la tête de la France ?
Né à Moulins le 5 octobre 1899, il avait été professeur agrégé d'histoire et éditorialiste du journal l'Aube. Mobilisé en 1939, prisonnier, il s'était une fois revenu de captivité en 1941, engagé dans la Résistance.
En 1942, Jean Moulin l'avait fait entrer au CNR (Conseil national de la Résistance). Après l'arrestation de Jean Moulin par la Gestapo, le 21 juin 1943, Georges Bidault lui succéda à la présidence du CNR.
Dans ces fonctions délicates il montra beaucoup d'habileté et réussit à maintenir, jusqu'à la Libération de Paris, une certaine unité d'action contre l'occupant allemand.
Le 25 août 1944, il accueillit de Gaulle à l'Hôtel de Ville. Le Général lui confia les Affaires étrangères dans son gouvernement, mais leurs relations restèrent aigres-douces. Georges Bidault participa à la fondation du MRP (Mouvement républicain populaire) et fut élu député de la Loire après avoir confié : "Nous ferons une politique de gauche avec un électorat de droite".
Le 22 janvier 1946, deux jours après le départ du Général de Gaulle, le MRP accepta de jouer "le jeu des partis", d'où le tripartisme. Georges Bidault redevint président du Conseil du 28 octobre 1949 au 24 juin 1950, puis fut de nouveau ministre des Affaires étrangères en 1947-1948 et en 1953-1954.
Il a toujours eu le goût des formules brillantes sinon du paradoxe. Défenseur de l'Alliance atlantique et de l'Europe supranationale, ses positions sur les problèmes coloniaux, en particulier indochinois, provoquèrent sa chute politique.